
Partage judiciaire : précision sur l'usufruit du conjoint
Publié le :
04/02/2025
04
février
févr.
02
2025
Nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision et le partage peut toujours être provoqué, à moins qu'il n'y ait été sursis par jugement ou convention, y compris en cas d'indivision entre descendants portant sur la nue-propriété des biens appartenant à un de leurs parents.
Deux époux, mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, se sont consentis une donation au dernier vivant. Ils ont opté, par la suite, pour le régime de la communauté universelle à l'exception des biens que l'article 1404 du code civil déclare propres par leur nature et des biens immobiliers appartenant à l'épouse, avec attribution au conjoint survivant.
L'épouse est décédée, en laissant pour lui succéder son époux et leurs deux enfants.
L'époux a opté pour l'attribution de la propriété de l'ensemble des biens communs et pour l'usufruit de la totalité des biens de la succession de son épouse.
Le fils du couple a assigné son père et sa sœur aux fins de voir ordonner l'ouverture des opérations de comptes, liquidation et partage de la succession de sa mère ainsi que, le cas échéant, de la communauté, le rapport à la succession des donations consenties à ses héritiers et la réduction des libéralités excédant la quotité disponible.
Le père et la sœur ont saisi le juge de la mise en état aux fins de voir déclarer l'action irrecevable en l'absence d'indivision successorale.
La cour d'appel de Rennes, dans un arrêt rendu le 25 octobre 2022, a déclaré irrecevable l'action intentée par le fils.
Les magistrats d'appel ont considéré que le père ayant opté pour l'usufruit de la totalité des biens appartenant en propre à son épouse, en application de la donation, les enfants ont la qualité de nus-propriétaires des biens de la succession de leur mère de sorte que, un partage n'étant pas possible entre usufruitiers et nus-propriétaires, la demande d'ouverture des opérations de comptes, liquidation et partage de la succession de la mère telle qu'elle est présentée par le fils, nu-propriétaire, est irrecevable.
La Cour de cassation, par un arrêt du 15 janvier 2025 (pourvoi n° 22-24.672), a cassé l'arrêt d'appel rennoise.
En vertu de l'article 815 du code civil, nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision et le partage peut toujours être provoqué, à moins qu'il n'y ait été sursis par jugement ou convention.
En l'espèce, il existait une indivision successorale entre le demandeur et sa sœur portant sur la nue-propriété des biens dépendant de la succession de leur mère.
La Cour de cassation a donc cassé l'arrêt de la cour d'appel de Rennes.
EXTRAIT DE L'ARRET DE LA COUR DE CASSATION :
" Vu l'article 815 du code civil :
9. Aux termes de ce texte, nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision et le partage peut toujours être provoqué, à moins qu'il n'y ait été sursis par jugement ou convention.
10. Pour déclarer irrecevable l'action introduite par M. [G] [U], l'arrêt retient, d'une part, que la totalité du patrimoine de la communauté a été transmise à M. [D] [U] au jour du décès de son épouse par l'effet de leurs conventions patrimoniales, les droits des enfants étant différés au décès du parent survivant, d'autre part, que M. [D] [U] ayant opté pour l'usufruit de la totalité des biens appartenant en propre à son épouse, en application de la donation du 17 décembre 1983, M. [G] [U] et Mme [J] [U] ont la qualité de nus-propriétaires des biens de la succession de leur mère de sorte que, un partage n'étant pas possible entre usufruitiers et nus-propriétaires, la demande d'ouverture des opérations de comptes, liquidation et partage de la succession de [B] [C], telle qu'elle est présentée par M. [G] [U], nu-propriétaire, est irrecevable, et, de dernière part, que les demandes de rapport des donations ne pouvant être ordonnées que lors d'une instance en liquidation et partage d'une succession, celles-ci sont tout autant irrecevables.
11. En statuant ainsi, après avoir constaté l'existence d'une indivision successorale entre M. [G] [U] et sa soeur portant sur la nue-propriété des biens dépendant de la succession de leur mère, la cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, a violé le texte susvisé. "
Historique
-
Annulation de la désignation du syndic : quid des honoraires ?
Publié le : 04/03/2025 04 mars mars 03 2025Droit civil (03)En cas d'annulation de la décision d'assemblée générale ayant désigné un syndic, les honoraires perçus par celui-ci doivent être restitués au syndi...Source : www.legalnews.fr
-
Partage judiciaire : précision sur l'usufruit du conjoint
Publié le : 04/02/2025 04 février févr. 02 2025Droit civil (03)Nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision et le partage peut toujours être provoqué, à moins qu'il n'y ait été sursis par jugement ou...Source : www.legalnews.fr
-
CEDH : pas de divorce pour faute aux torts de l'épouse pour non-respect de son devoir conjugal !
Publié le : 24/01/2025 24 janvier janv. 01 2025Droit civil (03)Un divorce pour faute prononcé aux torts de l’épouse pour ne pas avoir respecté son devoir conjugal est contraire à la Convention EDH. Cette obl...Source : www.legalnews.fr
-
Responsabilité du constructeur : le préjudice doit être réparé sans perte ni profit
Publié le : 08/01/2025 08 janvier janv. 01 2025Droit civil (03)Les dommages-intérêts alloués en réparation des dommages dont sont responsables les constructeurs doivent réparer le préjudice sans qu'il en résult...Source : www.legalnews.fr
-
Nationalité : la désuétude doit être opposée aux parents avant d'être opposée aux enfants
Publié le : 27/12/2024 27 décembre déc. 12 2024Droit civil (03)La désuétude de l'article 30-3 du code civil ne peut être opposée à des enfants mineurs au jour de l'introduction de l'action déclaratoire si elle...Source : www.legalnews.fr
-
Pas de responsabilité du constructeur sans désordre
Publié le : 26/12/2024 26 décembre déc. 12 2024Droit civil (03)En l'absence de désordre, le non-respect des normes qui ne sont rendues obligatoires ni par la loi ni par le contrat ne peut donner lieu à une mise...Source : www.legalnews.fr