Effets de la liquidation judiciaire d'un locataire sur son bailleur social
Publié le :
02/12/2019
02
décembre
déc.
12
2019
La Cour de cassation s'est penchée sur le cas d'un bailleur social qui poursuit son locataire en liquidation judiciaire pour défaut de paiement des loyers.
Un bailleur social a adressé à son locataire un commandement de payer un arriéré de loyers et de charges, l'a assigné devant le juge des référés, le 2 juin 2015, en paiement de ces sommes et en constatation de l'acquisition de la clause résolutoire stipulée dans le bail.Une ordonnance de référé du 8 juin 2016 ayant accueilli ces demandes, le locataire, qui avait été mis en liquidation judiciaire le 30 mars 2016, en a relevé appel, afin que l'ordonnance soit déclarée non avenue.
Le 26 octobre 2017, la cour d'appel de Paris a constaté l'acquisition de la clause résolutoire et a ordonné l'expulsion du locataire.En premier lieu, les juges du fond ont rappelé que ni l'article L. 622-21 du code de commerce, ni l'article 24 de la loi du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs, ne font obstacle à l'action aux fins de constat de la résolution d'un contrat de bail d'habitation par application d'une clause résolutoire de plein droit qui a produit ses effets avant le jugement de liquidation judiciaire, dès lors que le locataire n'a pas demandé de délais de paiement, cette circonstance permettant seule de suspendre les effets de la clause. La cour d'appel n'ayant pas relevé que le locataire avait demandé des délais de paiement, elle a constaté l'acquisition de la clause résolutoire qui avait produit ses effets avant le jugement d'ouverture.En second lieu, en application de l'article 24, III, de la loi du 6 juillet 1989, seule l'assignation aux fins de constat de la résiliation du bail doit être notifiée, à peine d'irrecevabilité de la demande, au représentant de l'Etat dans le département.Dans un arrêt du 23 octobre 2019, la Cour de cassation rejette le pourvoi du locataire sur ce point. Elle estime que la cour d'appel a légalement justifié sa décision en retenant, par motifs adoptés, que le représentant de l'Etat avait été avisé de l'assignation plus de deux mois avant l'audience.
Par ailleurs, la cour d'appel a confirmé l'ordonnance ayant fait droit aux demandes du bailleur tendant à la condamnation du locataire au paiement de sommes d'argent dues antérieurement à l'ouverture de la procédure collective. Elle a retenu que, si aucune reprise d'instance n'est intervenue dans les conditions énoncées par l'article L. 622-22 du code de commerce, l'ordonnance ne saurait être déclarée non avenue, dès lors que le mandataire judiciaire ne l'a pas contestée.La Cour de cassation casse l'arrêt sur ce point. Elle considère que la cour d'appel a violé l'article L. 622-21 du code de commerce en statuant ainsi, alors que l'instance en référé tendant à la condamnation au paiement d'une somme d'argent, fût-ce au titre d'une créance personnelle du débiteur, n'est pas une instance en cours interrompue par l'ouverture de la procédure collective du débiteur, de sorte que la cour d'appel, statuant sur l'appel formé par ce dernier contre l'ordonnance l'ayant condamné au paiement d'une provision, doit infirmer cette ordonnance et dire n'y avoir lieu à référé, la demande en paiement étant devenue irrecevable en vertu de la règle de l'interdiction des poursuites édictée par l'article L. 622-21 du code de commerce.
Enfin, la cour d'appel a condamné le locataire à payer une indemnité d'occupation mensuelle à compter du 5 avril 2016 et jusqu'à libération des lieux.La Cour de cassation casse l'arrêt sur ce point. Pour elle, la cour d'appel a violé l'article L. 641-13 du code de commerce en statuant ainsi, alors que, la créance d'indemnité d'occupation due, après résiliation du bail portant sur l'habitation personnelle du locataire, à compter du 5 avril 2016, étant une créance postérieure à l'ouverture de la liquidation judiciaire, le 30 mars 2016, elle ne pouvait être payée à l'échéance que si elle réunissait les conditions prévues par l'article L. 641-13, ce qu'il lui appartenait de vérifier.
- Cour de cassation, chambre commerciale, 23 octobre 2019 (pourvoi n° 18-14.823 - ECLI:FR:CCASS:2019:CO00773) - cassation partielle de cour d'appel de Paris, 26 octobre 2017 (renvoi devant la cour d'appel de Paris, autrement composée), M. B. c/ société Paris habitat OPH, devenue la société Epic Paris-habitat - https://www.legifrance.gouv.fr/affich...
- Code de commerce, article L. 622-21 - https://www.legifrance.gouv.fr/affich...
- Loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986, article 24 - https://www.legifrance.gouv.fr/affich...=
- Code de commerce, article L. 641-13 - https://www.legifrance.gouv.fr/affich...
Historique
-
Succession : pas de représentation en présence d’une seule souche
Publié le : 12/12/2019 12 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)En droit de succession, il n’y a pas de représentation en ligne collatérale en présence d’une seule souche. La demande de M. A. pour l’annulation de l’avis de recouvrement de l...
-
L'automobiliste qui se blesse en relevant un scooter est-il victime d'un accident de la ...
Publié le : 11/12/2019 11 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)Bien qu'effectuant un acte volontaire, l'automobiliste qui se blesse en relevant un scooter tombé à terre est bien victime d’un accident de la circulation au sens de l’article 1...
-
Pas d'amende pour location répétée d'un local sur de courtes durées sans preuve que le ...
Publié le : 10/12/2019 10 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)Une commune ne peut pas assigner un individu en paiement d’une amende civile pour avoir loué un local de manière répétée sur de courtes durées à une clientèle de passage sans pr...
-
Contrat de construction de maison individuelle : possibilité d’une réception judiciaire des ...
Publié le : 09/12/2019 09 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)Les dispositions applicables au contrat de construction de maison individuelle, qui n’imposent pas une réception constatée par écrit, n’excluent pas la possibilité d’une récepti...
-
Quelles sont les incidences du régime de la communauté universelle sur les donations ?
Publié le : 06/12/2019 06 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)La Cour de cassation se prononce sur la constestation par l’épouse de donations effectuées par le défunt à sa maîtresse alors qu’il était sous le régime de la communauté univers...
-
Troubles de voisinage : l’activité commerciale antérieure de la discothèque ne ...
Publié le : 05/12/2019 05 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)L'activité commerciale antérieure de la discothèque ne peut excuser les nuisances sonores subies par les voisins directs si cette activité est non conforme aux dispositions régl...
-
DPE erroné : quel préjudice pour les acquéreurs ?
Publié le : 04/12/2019 04 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)Le diagnostic de performance énergétique n’ayant qu’une valeur informative, le préjudice subi par les acquéreurs du fait de cette information erronée ne consiste pas dans le coû...
-
Cession de gré à gré autorisée par le juge-commissaire : rétractation impossible de l'offre
Publié le : 03/12/2019 03 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)Dans le cadre de la réalisation des actifs d'une liquidation judiciaire, l'ordonnance qui autorise la cession de gré à gré d'un bien conformément aux conditions et modalités d'u...
-
Détermination du régime matrimonial
Publié le : 03/12/2019 03 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)La règle, selon laquelle la détermination de la loi applicable au régime matrimonial d'époux mariés sans contrat doit être faite en considération de la fixation de leur premier...
-
Effets de la liquidation judiciaire d'un locataire sur son bailleur social
Publié le : 02/12/2019 02 décembre déc. 12 2019Droit civil (03)La Cour de cassation s'est penchée sur le cas d'un bailleur social qui poursuit son locataire en liquidation judiciaire pour défaut de paiement des loyers. Un bailleur social a...